mardi 11 octobre 2011

Résumé Hawaii par Ludo :

"Samedi 8/10/2011

Après avoir passé une bonne nuit, je me prépare tranquillement et file vers le départ, dernier préparatif dans le parc vélo et j’attends sagement le départ.

Nous sommes 1969 à prendre le départ de ce 33° championnat du monde.

En ce qui concerne la natation, vu mes « problèmes de santé » je décide de partir complètement sur la gauche et faire plus de chemin, le but du jeu étant d’éviter les coups. Manque de chance, je ne suis pas le seul à avoir cette idée et une centaine de triathlètes se retrouvent à ma gauche.

7h00 Le coup de canon retentit, c’est parti, les 100 premiers mètres se passent très bien, mais ensuite les gens de gauche et de droite se regroupent pour former un nid d’abeille, on est tous groupé, et le calvaire commence, coup dans la clavicule droite puis sur le poignet gauche, cela va durer une bonne dizaine de minute, je suis obligé de changer de trajectoire assez régulièrement, me remettre les lunettes sur les yeux, car la bataille fait rage, et j’ai pas envie de jouer à ce jeu là cette année… j’arrive au demi tour, j’ai mal physiquement, à ce moment précis je regarde ma montre et je suis en 37’34 (pour info en 2008 j’étais passé en 28’50 soit 8’46 de plus pour 1900 mètres, et là c’est plus physiquement mais moralement que je commence a craquer, j’essaye de me reconcentrer en me disant que ça peut tenir, et qu’il faut que je sorte de cette océan sans trop de dommage afin de poursuivre la course. Les sensations de glisse sont mauvaises, je nage qu’avec 1 bras et demi, mais bizarrement je ne vais plus être gêné, je finis les 3.8 km en 1H14’28 en 1123° position, la transition se fait tranquillement, et j’enfourche le vélo, c’est parti pour 180 km au milieu du vent et des volcans, les premiers Km sont difficile, je n’ai pas de sensations, pas les jambes, mais bon je sais que cela peut être dû à un surplus de battements de jambes sur la partie de natation, je fait que doubler, mais il y a un problème, c’est le poignet, je ne peut pas me mettre en danseuse, de ce fait je vais passer une bonne partie du vélo sur les prolongateurs, idéal pour l’aérodynamisme, mais moins pour le dos… je remonte les paquets un par un, en doublant quelques Anglais, et je ne peux m’empêcher de les chambrer en faisant référence au match de la veille, mais visiblement, ils n’ont pas le même sens de l’humour que moi…

Arrive la mi-course sur le vélo, l’endroit stratégique qu’est Hawii, une bosse de 5 km avec un vent qui souffle à 70 km/h en partie de face et de coté, l’ascension se passe bien, c’est la descente qui va être plus difficile, en effet, ce vent qui vous envoie sur le coté peut vous couter la course, alors je décide d’être d’une prudence extrême et je me fais déposer par les autres triathlètes, j’ai les mains sur les freins et me laisse descendre tranquillement, mes muscles sont très contractés, j’ai mal dans l’avant bras… Descente terminé, ouf de soulagement.

Le retour se passe bien, avec des sensations correctes, les 180 km sont terminés en 5H03’52 (je fais mieux qu’en 2008 environ 8mn, mais les conditions météo était meilleure cette année, et surtout j’ai changé de monture pour opter pour un vélo chrono tout comme 95% des athlètes).

Je pose le vélo en 511° position, j’ai doublé 612 concurrents, c’est partie pour un changement de chaussures, un peu de crème solaire, car y fait très beau et chaud comme d’habitude… A la sortie du parc je vois toute la famille PROUZET en train de m’encourager, je vois le plein d’émotions dans leurs yeux, je suis en avance sur mes temps, et je sens de la fierté… Les 2 premiers Km sont durs, j’ai mal au dos (je paye ma position sur le vélo) ensuite la douleur va s’atténuer ou se propager dans tous le corps. Je commence à prendre mon rythme de croisière, à 13km/h, nickel j’ai de bonnes sensations sur les 15 premiers Km qui se font en bord de mer, avec un public impressionnant. A partir du 16° km on prend la route de l’aéroport, et là c’est quasiment le désert, plus un chat pour vous encourager, hormis les bénévoles qui nous ravitaille, à chaque station, je prends du coca, de l’eau et des glaçons, faut faire tomber la température du corps…

Arrive le 30°km, Energy Lab, l’endroit stratégique du marathon, en général il fait 45° au sol, mais cette année, le temps c’est couvert et on a qu’un petit 35°… Heureusement car j’avance plus, je suis à 11km/h, il me reste 12 km, je sais que si je cours à cette allure, je ferai mieux qu’en 2008… Alors je me reconcentre, continue à prendre tous les ravitos, j’essaye de relancer la machine, mais cela ne dure pas longtemps, les jambes se transforment en des « poteaux en béton », je double, je me fais doubler, mais la balance reste du bon côté… Dès que la route s’élève, je me sens bien et rattrape plus de concurrent, il reste 2km qui se font dans les rues de Kona avec toujours un public omniprésent qui vous scandent « Good Job ». 300 mètres de la ligne, je vois toute ma petite famille, je suis rempli d’émotion, je finis le marathon en 3H23, j’ai gagné 173 places. Je franchis la ligne d’arrivée en 9H49’25 à la 338° place (100 places de plus que 2008 mais en réalisant un meilleur temps). Je crois que c’est clair, le niveau augmente tous les ans, et me dit qu’un top 100 sera quasi impossible…

J’ai finit sur les rotules, j’ai mal partout, mais encore une fois je me suis pas ménagé, j’ai tout donné, mon corps me le fera redire pendant 2 jours… Je n’arrive pas à manger, juste à boire, heureusement car je suis en train de me déshydrater…

Cet Ironman fut très particulier à préparer, je n’ai pas était ménagé par les problèmes physique, qui m’avait fait défaut durant ces 10 dernières années. Je repense aux 10 derniers jours passés, et me dit que je reviens de loin, en effet il y a 10 jours, je ne pouvais pas nager 10 mètres, 6 jours avant je nagais que 100 mètres…

Certes je termine loin, mais quel bonheur de pouvoir participer et finir cette course mythique. Franchir cette ligne d’arrivée loin du vainqueur, mais en ayant quand même l’impression d’avoir gagné, une victoire sur soi-même…

Enfin pour terminer, Merci à tous les gens qui me soutiennent financièrement et moralement…

Merci à J.C DE GUILHEM, mon employeur @COM Expertise, ma famille, mes amis, mon vélociste Cyril PENNY, mon président Stéphane COLLE (AXA) et les anonymes qui suivent de près ce que je fais".